Verts de Meyrin-CointrinPierre-Alain Tschudi

Conseiller administratif de la Ville de Meyrin

Verts de Meyrin-Cointrin

Il y a 50 ans, on ne parlait pas encore de démocratie participative, un concept qui n'apparaîtra qu'à la fin des années 60. Mais à Meyrin, commune pionnière en bien des matières, la démocratie participative s'invita avant l'heure dans la vie publique. On y avait convoqué des locataires, ce sont des citoyens qui s'approprièrent la cité. Des citoyens qui refusèrent que leur vie se résumât à un triathlon « auto-boulot-dodo », mais qui surent insuffler de la vie dans les ensembles et l'envie de vivre et agir ensemble.

 

Il y a 50 ans, la première cité-satellite de Suisse sortait de terre en un temps record entachée de la mauvaise réputation de cité-dortoir, de ville bidon en somme. Ville bidon parce que ville dépendante de la planète Genève. Cité - peu reluisante - mise au ban à une lieue et demie de la Genève internationale rayonnante. Cité de banlieue ! Cité sans équipement public, immeubles sans aménagements extérieurs, des chantiers comme unique terrain de jeu, une baraque en bois en guise de commerce, des routes et chemins boueux comme voie d'accès. Ici, à Meyrin, se construisait la première cité-satellite de Suisse ! Pas étonnant, dès lors, que les Genevois ne s'y précipitèrent point. La cité-satellite de Meyrin ne faisait pas très envie. Ce sont des Confédérés venus d'autres cantons, des étrangers venus de partout, d'Allemagne, de France, de Grande-Bretagne et de plus loin encore qui peuplèrent majoritairement la cité.

 

Les promoteurs réalisaient des opérations immobilières, les villageois se méfiaient de cette arrivée d'étrangers dont un grand nombre ne payaient pas d'impôts en raison de leur statut de fonctionnaires internationaux- c'est du moins ce qui se disait, des étrangers dont une majorité parlaient peu le français- c'est du moins ce qu'on entendait. Les anciens se sentaient quelque peu envahis, les nouveaux arrivants comme des pionniers à la conquête d'un Far West de la Suisse où tout était à créer.

 

Face à l'absence d'infrastructures tels que des garderies ou des places de jeux, alors que les nouveaux habitants étaient majoritairement de jeunes parents avec enfants, face à un pouvoir politique peu perméable et moyennement enthousiaste d'accompagner la création de la cité, face à des régies peu réceptives aux demandes des locataires, les pionniers de la cité décidèrent de s'organiser, de prendre leur destin en main, de s'immiscer dans les affaires de la cité, bref de devenir – suisses comme étrangers – des citoyens au sens premier, des acteurs de la vie meyrinoise.

 

En s'organisant en Association des Habitants de la Cité Satellite de Meyrin, un mémorable 12 mars 1963, les 250 participants ont fait bien plus que de défendre leurs intérêts légitimes, ils ont commencé à insuffler une âme à la cité, à transformer la cité-satellite en ville-planète, à donner à cette ville une identité, l'identité d'une ville cosmopolite et pluriculturelle, d'une ville active, créative, dynamique et ouverte.

 

En quelques années, ils ont ainsi réconcilié les anciens et les nouveaux, fusionné la cité et le village, redonné une fierté à Meyrin, devenue désormais Ville à part entière. Quelques années plus tard, l'Association entérinait cette transformation en adoptant le nom d'Association des Habitants de la Ville de Meyrin, l'AHVM. Lors du 10ème anniversaire de l'association, les Meyrinois s'offusquaient déjà quand quelqu'un on osait encore qualifier leur ville de « cité-satellite » ou de « ville-dortoir ».

 

A l'heure où Meyrin vit une nouvelle mutation importante de ville nouvelle en ville durable, où l'on construit le premier écoquartier de Genève, où la zone industrielle cherche à devenir un véritable quartier d'activité économique, où la cité cherche à améliorer ses espaces publics, il est non seulement passionnant, mais également instructif de se pencher sur les 50 ans de l'histoire de la Ville de Meyrin à travers le récit d'un de ses protagonistes, l'Association des Habitants de la Ville de Meyrin.

 

A l'occasion de son cinquantième anniversaire, c'est le jubilaire qui offre un cadeau. Et quelle cadeau ! Ce récit de 50 ans d'une aventure humaine exceptionnelle aux confins de la Suisse, de 50 ans d'histoire contemporaine de la Ville de Meyrin est le plus beau cadeau que l'AHVM pouvait faire aux habitants de Meyrin.

 

Pierre-Alain Tschudi

Maire de Meyrin