Verts de Meyrin-CointrinPierre-Alain Tschudi

Conseiller administratif de la Ville de Meyrin

Verts de Meyrin-Cointrin

Chers concitoyennes et concitoyens de Meyrin,

Chers amis venus des communes voisines suisses ou françaises,

Chers amis venus de plus loin encore,

En cette période estivale et pour certains de repos et de vacances, les rencontres et les échanges que nous avons habituellement les uns avec les autres tout au long de l'année sont moins fréquents. Nous apprécions tous que le rythme de nos activités professionnelles, associatives, de formation ou politiques ralentissent quelques peu pendant l'été. Cependant, nous sommes heureux ce soir de cette occasion qui nous est offerte pour nous retrouver avec nos proches, nos amis, nos voisins, pour fêter ensemble, dans ce magnifique cadre de la campagne Charnaux, notre fête nationale.

Remercions donc ceux qui ont pris la décision, il y a 121 ans seulement, de retenir la date approximative de la signature du Pacte de 1291, le premier août, comme acte fondateur de la Suisse. Car, jusqu'à la fin du XIX ème siècle, on considérait le 8 novembre 1307 comme date du serment du Grütli et donc comme jour de naissance de la Confédération. Imaginez un peu notre fête nationale un 8 novembre. Heureusement, au moment où l'on décida de faire de l'anniversaire de la Suisse un jour solennel, convivial et festif, le premier août s'imposa. Sans doute pour nous permettre de nous réunir au coeur de l'été, mais aussi à l'extérieur, dans de grands espaces, au coeur de ce que nous affectionnons particulièrement, nos montagnes, nos Alpes de neiges et nos campagnes. Même ceux qui vivent dans des villes, c'est-à-dire l'écrasante majorité des Suisses, expriment, en ce jour solennel, leur attachement à une Suisse plutôt bucolique, à une Suisse aux paysages variés et magnifiques. A Meyrin, nous avons la chance d'être une ville à la campagne, avec non seulement une campagne Charnaux qui relie la cité au village, mais aussi, à proximité, une nature cultivée, une nature sauvage protégée, ainsi qu'une vue imprenable sur les montagnes. Cela nous évite de devoir faire venir des vaches d'Hérens pour fêter notre pays.

S'il est légitime, le soir du premier août, d'exprimer son ravissement de cette Suisse mise en valeur par les poètes d'abord, puis portée à l'écran et transportée sur des cartes postales, il est de notre responsabilité, les 364 autres jours de l'année, de protéger ce paysage et cette nature pour que les générations futures puissent également s'en émerveiller.

Car cet environnement qui nous est cher, doit être préservé, protégé et défendu, non pas contre un ennemi extérieur qui souhaiterait s'en emparer, mais contre les nombreuses atteintes que nous lui portons et qui menacent aujourd'hui de nombreuses espèces végétales et animales, les régions alpines, nos cours d'eau, l'air que nous respirons et finalement notre propre espèce, les humains. Tout un chacun est appelé à mesurer la portée de ses actes sur l'environnement. La Suisse fait partie des pays industrialisés qui surexploitent aujourd'hui la planète, qui consomment plus de ressources que celle-ci ne peut produire. En d'autres termes, il faudrait près de trois planètes Terre si tous les habitants des cinq continents menaient le même train de vie que les Suisses en moyenne. Aucun habitant de la Suisse, attaché aux valeurs profondes de justice et de solidarité qui caractérise notre pays, ne peut souhaiter qu'une partie de la population mondiale continue à vivre dans la misère afin que nous n'ayons pas à remettre en question certaines de nos habitudes.

Consciente des menaces qui pèsent sur notre environnement, mais aussi sur notre économie et notre vie sociale, la Suisse s'est engagée dans sa nouvelle constitution, il y a douze ans, à établir un équilibre durable entre la nature, en particulier sa capacité de renouvellement, et son utilisation par l'être humain. Mais notre pays est tout petit et les défis sont à l'échelle de la planète. Dès lors, fallait-il baisser les bras, se résigner devant l'ampleur de la tâche, se barricader et sauver quelques meubles ? Ce n'est pas ce qu'on attend de la Suisse, pays qui revendique un engagement humaniste, humanitaire et solidaire.

Deux ans après l'adoption de leur nouvelle Constitution, c'est-à-dire, il y a dix ans cette année, les Suisse décidaient enfin d'adhérer pleinement à l'Organisation des Nations Unies. Le canton de Genève y était particulièrement favorable. Cela faisait certes déjà longtemps que des diplomates suisses s'activaient dans les différentes organisations affiliées aux Nations Unies et participaient dans les conférences mondiales sur les grands enjeux planétaires, comme lors du sommet de la Terre de Rio en 1992. L'adhésion de la Suisse à l'Organisation des Nations Unies traduisait la prise de conscience des Suisses que désormais notre avenir dépendait de celui des autres, que c'est ensemble que nous résoudrions les problèmes auxquels nous devons faire face et que la Suisse ne pouvait plus se contenter d'un strapontin de spectateur, mais devait agir en acteur responsable et solidaire. Ainsi, depuis 10 ans, la Suisse s'implique de plus en plus à l'ONU pour y appuyer ceux qui y défendent la vision d'un développement durable, d'un modèle de développement qui permette de satisfaire les besoins des générations actuelles, en commençant par les besoins des plus pauvres, sans compromettre la possibilité, pour les générations suivantes, de satisfaire les leurs.

Ce modèle de développement existe, il entraînera des transformations profondes qu'aujourd'hui la société n'est sans doute pas encore prête à entreprendre, mais qui font désormais partie du débat démocratique indispensable pour construire un avenir durable pour nos enfants. Ces grandes transformations se heurtent aussi à de puissants lobbys qui défendent des intérêts particuliers et des visons de profit à court terme, mais il suscite d'autre part un intérêt grandissant auprès de celles et ceux qui cherchent une issue pacifique et démocratique globale aux crises financières, économiques et écologiques qui ébranlent la planète et nos certitudes. Défendre aujourd'hui notre pays que nous fêtons ce soir et ses habitants, c'est s'engager dans ces transformations.

La Suisse a des atouts incontestables. Tout au long de son histoire récente, elle a misé sur sa matière grise, sur le développement de compétences scientifiques et technologiques pointues pour pallier à l'absence de matières premières. Représentant la Suisse au nouveau sommet de la Terre en juin de cette année, la Conseillère fédérale Doris Leuthard s'est engagée à donner un coup d'accélérateur aux travaux entrepris pour instaurer une économie verte en Suisse, une économie qui à pour but de réduire à un niveau supportable l'emprise de nos activités sur l'environnement. On sait par ailleurs que cette réorientation permettra également de créer de nombreux emplois dans des secteurs variés comme la construction, les énergies renouvelables, les transports en commun etc.

Pays riche, la Suisse a les moyens, pays doté de centres de recherche de pointe, la Suisse a les compétences, pays démocratique, les Suisses peuvent décider de réorienter l'économie vers une économie d'avenir décarbonisée et dénucléarisée, une économie créatrice d'emploi et respectueuse de notre environnement.

Malgré la crise financière en Europe et les récents bouleversements de l'ordre mondial, avec la montée en puissance des pays émergents et leur aspiration à un niveau de vie semblable à celui des pays industrialisés, malgré l'absence actuelle au niveau mondial de réponses à la crise énergétique, climatique, alimentaire et sanitaire, je veux croire en la capacité de notre pays et de ses habitants de s'engager pour l'avenir.

Je suis également confiant en notre pays, parce que dans le préambule du pacte de 1999, je veux parler de la Constitution fédérale, préambule qu'il serait peut-être plus judicieux de rappeler le jour de la fête nationale que le pacte de 1291, le peuple suisse s'engage à assumer ses responsabilités envers les générations futures conscient de sa responsabilité envers la Création; il s'engage également à renforcer la liberté, la démocratie, l’indépendance et la paix dans un esprit de solidarité et d’ouverture au monde sachant que seul est libre qui use de sa liberté et que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres. On retrouve là, réactualisées et réaffirmées, les valeurs de solidarité et de responsabilité qui nous unissent et nous engagent toutes et tous, chacune et chacun d'entre nous.

Cet engagement, les autorités communales meyrinoises le tiennent en s'efforçant de créer et de promouvoir des logements et des quartiers de qualité économes en énergie et produisant de l'énergie solaire, en préservant la biodiversité et en donnant toute sa place à la nature en ville, en promouvant une mobilité saine, sûre et respectueuse de notre environnement, en soutenant les liens de solidarité et les lieux de vie auxquels contribuent les nombreuses associations meyrinoises sans lesquelles la fête de ce soir ne serait pas aussi belle. Ce qui démontre, s'il en est encore besoin, que la qualité de vie à Meyrin ne dépend pas exclusivement de choix politiques, mais aussi de la participation de l'ensemble des citoyennes et citoyens de toutes origines et de toutes nationalités qui forment la diversité et la richesse de notre collectivité meyrinoise.

Au niveau cantonal genevois, le 14 octobre prochain les électrices et électeurs sont également appelés à renouveler leur pacte cantonal, leur Constitution. A l'instar de la Constitution fédérale, le projet de nouvelle Constitution genevoise expriment des droits et des engagements fondamentaux que l'actuelle Constitution ne mentionne pas. D'aucuns s'en réjouiront, d'autres seront déçus et déploreront une prise en considération insuffisante des grands enjeux d'avenir. Cet automne est un moment important de la vie démocratique genevoise. Les habitants de Genève bénéficiant du droit de vote au niveau cantonal devront choisir entre la Constitution actuellement en vigueur et le projet de nouvelle Constitution, un débat doit s'ouvrir qui interpelle chacune et chacun et l'engage à prendre position. Il serait regrettable pour la démocratie, dommageable pour un peuple qui se dit épris de liberté d'ignorer ou de rester indifférent à ce débat de société. Car seul est libre qui use de sa liberté.

Genève, canton suisse, exprime aussi sa responsabilité dans un développement équilibré, soutenable et durable en s'engageant résolument dans une coopération régionale franco-valdo-genevoise. Rien n'est gagné, certains doutent que les engagements soient tenus et que la qualité de vie de ce qu'on appelle désormais le Grand Genève s'améliore. Rien n'est jamais gagné certes, mais ce qui est en tous cas perdu, c'est ce pour quoi l'on renonce à se battre. Là encore, une participation active des citoyennes et des citoyens au-delà des frontières communales, cantonales et nationales permettra de mieux appréhender ensemble l'avenir.

Mesdames, Messieurs, chers amis,

Si je suis particulièrement fier d'être Suisse ce soir, c'est parce que je crois en la volonté et la capacité des habitants de notre pays de prendre leur destin en main, forts de l'admiration que nous portons tous à notre paysage, nos espaces naturelles, notre environnement, forts aussi de notre attachement aux valeurs de justice sociale, de solidarité et de responsabilité, forts enfin de notre inventivité et de notre créativité pour relever les nombreux défis de ce 21ème siècle,

Si je suis particulièrement fier d'être Suisse ce soir, c'est aussi parce que cet après-midi à 16 heures sur la plaine mythique du Grütli, un gamin de Meyrin, ancien Président du Parlement des jeunes, réfugié accueilli dans notre commune à l'âge de 6 ans avec sa mère et sa soeur, a été invité à tenir le discours officiel du premier août.

Si je suis particulièrement fier d'être Suisse ce soir, c'est parce que je crois que dans les grandes transformations que nous devrons entreprendre, il y a une place et une tâche pour chacune et chacun d'entre nous. Cela nécessitera forcément de nouveaux engagements, de nouveaux pactes d'aide et de coopération, impliquant de nouveaux acteurs, tels que la Suisse les a connus tout au long de son histoire,

Si je suis particulièrement fier d'être Meyrinois ce soir et de vivre au coeur d'une région dynamique qui dépasse les frontières c'est que je sais qu'ensemble nous y arriverons.

Fiers de nos capacités d'agir, forts des liens qui nous unissent, confiants en l'avenir malgré les incertitudes, déterminés à relever les défis de demain, réjouissons nous et faisons ensemble la fête ce soir. Je remercie celles et ceux qui ont oeuvré et oeuvrent encore pour l'organisation et le bon déroulement de cette belle fête du premier août.

Vive Meyrin, vive Genève, vive le Grand Genève, vive la Suisse, vive la Terre, notre grande communauté de destin.

Pierre-Alain Tschudi, maire, 1er août 2012