Verts de Meyrin-CointrinPierre-Alain Tschudi

Conseiller administratif de la Ville de Meyrin

Verts de Meyrin-Cointrin

Séance du 20 janvier 2014 à la Ferme de la Golette consacrée à la présence des aîné-e-s dans le futur éco-quartier des Vergers

 

 Intervention de Pierre-Alain Tschudi, conseiller administratif en charge de l'urbanisme et de la politique des aîné-e-s

 

L'éco-quartier prône le bien vivre pour tous, et en plus le bien vivre ensemble. Cela concerne toutes les classes d'âge, aussi les vieux.

J'ai décidé de les appeler comme ça aujourd'hui et non pas de me servir d'euphémismes comme personnes âgées, aînés, séniors, troisième printemps etc. Je reviens d'Argentine où quand on parle de ses vieux on fond en larme tellement on les aime. Les appeler vieux n'a rien de péjoratif. Chez nous, si l'on a cherché désespérément des synonymes c'est que devenir vieux pose problème. Quand on parle des jeunes, on ne parle pas de benjamins, de cadets, de personnes récemment nées, de premier printemps, de juniors etc. S'il y a des maisons de jeunes, il pourrait y avoir tranquillement des maisons de vieux (je ne dis pas de revenir à asile de vieillards), mais pourquoi écarter le terme de vieux ? Pourquoi parler d'établissements médico-sociaux (EMS) ? C'est de toute évidence, parce que les vieux approchent de la fin de vie et que chez nous on a un vrai problème avec la mort. Donc on sépare les vieux du reste de la société pour qu'ils meurent loin des yeux et parfois loin du coeur dans des EMS, qu'on pourrait très bien appeler maison de fin de vie. D'ailleurs tous ceux qui y entrent savent que c'est la dernière station avant l'ultime départ, mais ils n'osent pas le dire à leurs proches de peur de les choquer. Pourtant c'est de cette réalité-là qu'ils ont souvent envie de parler.

L'écoquartier pourra-t-il imaginer, créer autre chose, un quartier où les vieux pourraient « bien vivre » au coeur de la société et non à la marge, où il y aurait des maisons de quartier et non des maisons de jeunes d'un côté et des maisons de vieux de l'autre. Il ne faudrait pas non plus que ce soit des maisons de quartier qui dans les faits ne seraient que des maisons des jeunes. Je pense à une maison de quartier qui dans son programme et dans l'attention portée par ses animateurs tiendrait également compte des besoins des vieux, dont celui de se retrouver par moment entre personnes de la même génération.

C'est de la place des vieux dans le futur écoquartier que nous allons parler cet après-midi. Et d'abord, il faut préciser qu'on ne naît et qu'on est pas vieux, mais qu'inéluctablement on le devient. Cela signifie aussi que lorsque l'on devient vieux on passe par différentes étapes de vie, ce qui n'est pas nouveau, puisque c'est la même chose en début de vie. Les jeunes de 6 mois, 6 ans, 12 ans ou 22 ans ne requièrent pas la même attention de la part de leurs proches. Par conséquent, il nous faudra différencier: il y aura toute sorte de vieux très différents dans l'écoquartier des Vergers. Et l'objectif, c'est bien que tous se sentent respectés, utiles, intégrés et à l'aise dans le quartier.

L'idéal est par conséquent que des vieux totalement indépendants et parfaitement autonomes puissent s'y installer et y vivre le plus longtemps possible, même lorsqu'ils perdront une partie de leur autonomie (entre parenthèses, cela est également valable pour des non-vieux atteints de maladies dégénératives et/ou irréversibles, et il y en a malheureusement de plus en plus.).

On peut très schématiquement prévoir trois étapes:

  • Une première étape où le vieux ne demande aucune attention particulière, mais où de par sa disponibilité il est utile à d'autres, soit en tant que proche aidant pour ses petits-enfants, soit entant qu'habitant engagé pour faire vivre le quartier, organiser et animer des activités, etc.
  • Une deuxième étape où le vieux requiert de la part de son entourage une attention particulière et de l'aide pour l'accomplissement de certaines tâches (le jour où Jean-Pierre n'arrive plus à vider les poubelles). Et c'est là qu'il devrait aussi pouvoir bénéficier de l'aide des autres, des proches aidants comme on dit, des colocataires ou co-habitants de la coopérative, mais aussi de l'aide des services institutionnels cantonaux et communaux en cas de besoin.
  • Et enfin une troisième étape ou ces dits services publics montent en puissance lorsque l'investissement des proches aidants se révèlent trop lourd pour qu'ils puissent assumer le soutien nécessaire seuls.

A mes yeux, il est indispensable que le vieux n'ait pas à changer d'appartement ou de structure à chaque étape de sa vieillesse pour entrer dans la case prévue par les services sociaux.

Il est une seule étape qui à mes yeux devrait inciter au changement d'appartement. C'est lorsque les enfants ont quitté l'appartement et que celui-ci devient trop grand pour une ou deux personnes. Mais pour inciter réellement les personnes à déménager, il faut encore qu'on leur propose quelque chose et que ce quelque chose soit attractif du point de vue financier, mais aussi du point de vue social et du point de vue de la qualité de vie.

Aujourd'hui, nous aimerions partager sur les projets des uns et des autres et surtout, échafauder ensemble des synergies possibles, des collaborations futures qui permettent aux vieux du quartier de se sentir bien quelle que soit l'étape de leur vieillesse.

Et en guise de mot de la fin de cette introduction, j'aimerais partager un rêve celui qu'on puisse célébrer au coeur du quartier avec les voisins de beaux enterrements. Et ce rêve, je l'ai parce que j'ai une affection toute particulière et un respect profond pour les vieux.

Pierre-Alain Tschudi, conseiller administratif